La chronique mensuelle de François Lespinasse - septembre 2008
Charles FRECHON bénéficie d’un moment de grâce
au Musée des beaux-arts de ROUEN et il faut en profiter pleinement, le savourer.
En feuilletant des catalogues du Salon des Artistes Rouennais, dont la première
exposition, rappelons-le, s’est tenue en 1907, j’ai remarqué plus particulièrement
le catalogue de la trente-et-unième exposition. Celle-ci se déroula à l’Aître Saint-Maclou
du 2 au 13 avril 1937, et sur le catalogue, il est fait état d’un programme ambitieux
et généreux : les peintres normands.
De quoi s’agit-il ? “ L’éditeur rouennais DEFONTAINE prépare une collection de monographies
illustrées consacrées aux meilleurs peintres de l’École Normande ”.
Cette collection devait se présenter sous forme de volumes de luxe tirés, chacun,
à mille exemplaires numérotés.
Les textes devaient être demandés aux meilleurs
littérateurs du cru et la partie illustrée serait très complète ; elle donnerait
une idée exacte de l’œuvre de l’artiste en cause. Les premiers volumes à paraître
devaient être les suivants : BOUDIN par M. GUEY, Conservateur du Musée des beaux-arts
de ROUEN, LEBOURG par A. RENAUDIN, DUMONT par P. VARENNE, Pierre HODÉ par P.R. WOLF,
PINCHON par TILMANS, DELATTRE par G. PAILHÈS, BORDES par R. PARMENT, SEGERS par
L. DUFRANE, Consul de Belgique à ROUEN, FRECHON par C. PRÉAUX.
L’intention était très louable ; malheureusement, aucune parution ne vit le jour.
Mais revenons à Charles FRECHON. Les témoignages
de première main, les archives, les précieuses photographies s’évaporent, disparaissent
lentement mais sûrement. Saluons donc, comme il se doit, cette superbe rétrospective.
Elle permet de mesurer dans la Salle des dessins
par exemple, le talent de notre Artiste. Cette courte période de dessin, mal connue,
réalisée entre 1886 et 1895 environ, est contemporaine de celle d’un artiste belge
de renom international, Théo VAN RYSSELBERGHE (1862-1929) et certains dessins de
Charles FRECHON peuvent côtoyer ceux de l’artiste belge sans difficulté.
La courte période divisionniste (également appelée
pointilliste) montre des œuvres de grande qualité, révélatrices d’un talent très
sûr, mais l’artiste ne s’attarde pas, cette technique étant trop astreignante. Il
adapte sa facture et développe un vibrisme superbe.
A l’aube du siècle nouveau, FRECHON atteint la
maturité de son art et, durant deux décennies, il peint la campagne en toutes saisons
pour notre plus grand émerveillement.
Ce sont ces œuvres que l’on peut voir au Musée
des beaux-arts de ROUEN*. Profitons de cette occasion unique et attendue depuis
si longtemps.
François Lespinasse