De l’impact de la crise financière sur la cote des Peintres de l’Ecole de Rouen

De l’impact de la crise financière sur la cote des Peintres de l’Ecole de Rouen

Léonard BORDES - pastel sur papier - 0,67x0,40 - SBG Fécamp, la Passerelle - coll.part.
Léonard BORDES - pastel sur papier - 0,67x0,40 - SBG Fécamp, la Passerelle - coll.part.

Les marchés financiers traversent depuis six mois une crise qui retentit sur l’économie dans sa globalité. Tout comme l’immobilier ou celui des biens de consommation, le marché de l’Art ne déroge pas à la tendance.

Mais, aujourd’hui, plus qu’une baisse flagrante du prix des œuvres d’art, on assiste sur les marchés internationaux, à une augmentation significative des “ invendus ”, due essentiellement au fait que ces œuvres ont été confiées aux Maisons de Vente avant la plongée des indices boursiers ou, tout du moins, avant que l’on mesure l’étendue de la crise et sa prolongation au fil des mois. Ainsi, les estimations données des œuvres et les “ prix de réserve ” fixés par les vendeurs, correspondent à la période d’avant la crise. Les prochains mois diront si les vendeurs (propriétaires et Maisons de Vente) choisissent de revoir leurs prétentions à la baisse, ou de conserver leurs biens jusqu’au retour espéré de l’embellie.

Quoi qu’il en soit, et la remarque se révèle encore plus pertinente durant les périodes tourmentées, il faut bien souligner le fait que les œuvres exceptionnelles recueilleront toujours des prix exceptionnels, les belles œuvres de second plan se maintenant difficilement, les moyennes et médiocres chutant inexorablement. Que ce soit tant pour Renoir, que pour notre cher Léonard Bordes.

Qu’en est-il donc pour l’Ecole de Rouen ? Sans entrer dans les détails de chaque monographie, nous pouvons présager du même sort. Mais avec un retentissement infiniment moindre que ce que l’on pourrait constater sur la baisse des prix ou le pourcentage “ d’invendus ” des Maîtres impressionnistes internationaux auxquels se réfèrent nos peintres de l’Ecole de Rouen.

Tout d’abord, parce que la somme engagée par l’acquéreur est infiniment moindre (La Palisse ne me contredirait pas). De plus, le différentiel entre un bon achat (peu coûteux) et un autre passionnel (coût très au-delà des estimations) a des chances d’être plus facilement supporté par la trésorerie de l’acquéreur : une variation même de 50% sur un Léonard Bordes n’a pas de commune mesure avec la même sur un Renoir...


Léonard BORDES - HST- 0,50x0,61 - SBD Le Cirque de Rouen et les ruines - col.part.
Léonard BORDES - HST- 0,50x0,61 - SBD Le Cirque de Rouen et les ruines - col.part.

L’intéressé peut alors plus raisonnablement exploser (c’est un oxymore) son budget. Les statistiques s’en ressentent donc beaucoup moins.

Ensuite parce que le panel d’amateurs potentiels est plus large, débouchant obligatoirement à une compétition plus vive, maintenant alors la cote à flot. En outre, régulièrement, se greffe une autre catégorie d’acquéreurs : en effet, un peintre émergeant de la trentaine de l’Ecole de Rouen (après une exposition bien médiatisée par exemple) peut voir sa renommée renverser les barrières régionales et ainsi accéder aux cimaises d’un pool de collectionneurs visant les signatures de réputation internationale, collectionneurs donc plus fortunés (nous débattrons de ce sujet dans une prochaine rubrique). Ici également, par le double phénomène de compétition entre amateurs nombreux, ajouté à celui de l’émergence d’un nom et de sa sur-cote temporaire ou justifiée (autre sujet de rubrique à venir), la lecture de statistiques globales ne dénonce que peu d’inflation.

L’objet de cette rubrique dissertant de l’impact d’une crise financière généralisée, nous oblige à éluder tout épiphénomène de prix “ au plafond ” pour tel peintre, relayé, six mois plus tard, par une enchère “ au plancher ”.

De par le nombre des peintres de l’Ecole de Rouen (29), la période étalée d’activité (presque un siècle), la diversité des styles, la variation des sujets quoique dans une unité locorégionale (sans parler des nature-mortes), nous ne pouvons que minimiser l’impact de la crise financière actuelle sur la cote des peintres de l’Ecole de Rouen.

Hubert PRIAUCEY


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