Robert-Antoine PINCHON
une œuvre, une histoire, par Brice Aurpeuthy et Jacba
Les couleurs étaient folles, ‘fauves’, dira-t-on (1).
1) Le terme ‘fauve’ sera employé par
Louis Vauxcelles dans son compte-rendu du Salon d’Automne 1905.
2) Robert
Pinchon expose à la Galerie Legrip un ensemble de 24 tableaux du 27 avril
au 13 mai 1905. Georges Dubos écrit dans le « Journal de
Rouen » à propos de Robert Pinchon : « il occupe à présent une
bonne place dans ce qu’on a appelé ˝ l’École de Rouen˝ et il ne tiendra
qu’à lui de compter parmi nos artistes français ».
Ici
également, pas de compromis : des couleurs tranchées, sans dégradés :
les complémentaires se côtoient librement : vert, violet, orange…
DE LA LIBERTE !
Brice AURPEUTHY
L’environnement du peintre : 1905 – une année mouvementée
22 janvier
1905 – le « Dimanche Rouge » à
Saint-Petersbourg en Russie.
Lors de
cette manifestation pacifique devant le Palais d’Hiver, 100000 grévistes menés
par un personnage équivoque, le pope GAPONE, revendiquent de meilleures
conditions de travail.
La troupe
tire sur les manifestants.
« Il
n’y a plus de Dieu ni de Tsar ! » s’écrie GAPONE.
C’est le début de la Révolution !
5
septembre1905– le Traité de PORTSMOUTH marque la fin de la guerre
russo-japonaise.
Le Japon
obtient le protectorat sur la Corée, Port-Arthur et le sud des Iles Sakhaline.
Les Russes cèdent la Mandchourie à la Chine.
1905 célèbre
aussi dans le monde scientifique un évènement majeur avec la formulation par
Albert Einstein de sa théorie de la relativité restreinte.
1905 voit aux
Etats-Unis l’installation des principales « majors » du cinéma
américain.
1905 fut en
France une année spectaculaire, avec la création de la SFIO, dont sont issus
les partis communistes et socialistes, mais également avec la promulgation de
la loi de Séparation de l’Église et de l’État qui met fin à des décennies de
lutte entre la France républicaine laïque et la France Catholique et Royaliste.
1905 – l’année des tournants dans le monde de l’Art – la peinture se réveille
« Au
salon d’Automne de Paris, MATISSE, DERAIN et DE VLAMINCK enterrent le
néo-impressionnisme. Qualifiée de « cage aux fauves » par la
critique, leur exposition ouvre une nouvelle ère artistique.
Au
printemps 1905, la peinture s’ennuie en France.
Ses plus
récentes nouveautés ont plus de 20 ans : le néo-impressionnisme de SEURAT
et SIGNAC a trouvé sa définition et sa logique à la fin des années 1880
et, depuis, des disciples de toutes nationalités pratiquent la division du
tons, les touches séparées et le mélange optique, celui que produit l’œil quand
il se tient à distance de la toile ». Extrait du journal
« Le Monde » du 27 août 1905.
Henri MATISSE - Fenêtre ouverte, Collioure |
A l’été 1905, André Derain rejoint à Collioure son
ami Henri Matisse.
Les deux
artistes vont peindre, avec frénésie et jusqu’à l’épuisement, le profil du
village, le clocher, les filets qui sèchent sur les plages, les barques qui
partent, les femmes qui ravaudent…avec une manière différente de travailler la
couleur en quête d’un accord renouvelé entre un site et leurs propres
préoccupations artistiques.
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Henri MATISSE - la plage rouge |