Robert-Antoine PINCHON, une œuvre, une histoire

Robert-Antoine PINCHON

une œuvre, une histoire, par Brice Aurpeuthy et Jacba

Robert-Antoine PINCHON - Autoportrait (huile sur toile, coll. part.)


QUI : Robert-Antoine PINCHON (1886-1943

QUAND : autour de 1905

QU’ EST-CE : Autoportrait (huile sur toile, coll. part.)

COMMENT :

Deux ans auparavant, il a déjà portraituré sa mère lisant dans un confortable fauteuil de jardin en osier.
Les couleurs étaient folles, ‘fauves’, dira-t-on (1).

Pinchon n’a pas 20 ans.

1)     Le terme ‘fauve’ sera employé par Louis Vauxcelles dans son compte-rendu du Salon d’Automne 1905.


A 12 ans, il est même parti avec ses pinceaux peindre Le chemin des Cottes, dans la campagne rouennaise.

Aujourd’hui, il est jeune, sûr de lui : il soutient votre regard ! La preuve, le sien est bien campé au milieu du tableau… Et libre ! Libre de fumer la cigarette ! Sans restriction, ni peur de la brimade paternelle, et sans que la fumée ne voile son regard.

Son adolescence n’est qu’un lointain souvenir, vous pensez : avec une telle barbe, si fournie, déjà taillée, surmontée d’une moustache fière et sculptée en pointe. Je suis de votre monde, semble-t-il nous dire, du monde des adultes, et celui des gens respectables et bien élevés, avec sa cravate et son col de chemise bien blanc…

Mais surtout, je suis un artiste !! Un peintre de plein air !! Voyez son chapeau mou, fait pour protéger du soleil lors des longues séances sur le motif. Et puis ce fond vert, de différentes nuances, brossé avec allant.

A la suite du grand peintre Delattre, Monsieur Legrip va m’ouvrir les portes de sa galerie place St Amand (2) à Rouen, en avril de cette bonne année 1905 ! Alors, c’est vous dire !

2)     Robert Pinchon  expose à la Galerie Legrip un ensemble de 24 tableaux du 27 avril au 13 mai 1905. Georges Dubos écrit dans le « Journal de Rouen » à propos de Robert Pinchon : « il occupe à présent une bonne place dans ce qu’on a appelé ˝ l’École de Rouen˝ et il ne tiendra qu’à lui de compter parmi nos artistes français ».

 

Ici également, pas de compromis : des couleurs tranchées, sans dégradés : les complémentaires se côtoient librement : vert, violet, orange…

 

DE LA LIBERTE ! 

 

Brice AURPEUTHY

 

   

L’environnement du peintre : 1905 – une année mouvementée

 

22 janvier 1905 – le « Dimanche Rouge » à Saint-Petersbourg en Russie

22 janvier 1905 – le « Dimanche Rouge » à Saint-Petersbourg en Russie.

 

Lors de cette manifestation pacifique devant le Palais d’Hiver, 100000 grévistes menés par un personnage équivoque, le pope GAPONE, revendiquent de meilleures conditions de travail.

La troupe tire sur les manifestants.

 

« Il n’y a plus de Dieu ni de Tsar ! » s’écrie GAPONE.

C’est le début de la Révolution !



 

5 septembre1905– le Traité de PORTSMOUTH

5 septembre1905– le Traité de PORTSMOUTH marque la fin de la guerre russo-japonaise.

Le Japon obtient le protectorat sur la Corée, Port-Arthur et le sud des Iles Sakhaline. Les Russes cèdent la Mandchourie à la Chine.

 

1905 célèbre aussi dans le monde scientifique un évènement majeur avec la formulation par Albert Einstein de sa théorie de la relativité restreinte.

 

1905 voit aux Etats-Unis l’installation des principales « majors » du cinéma américain.

 

1905 fut en France une année spectaculaire, avec la création de la SFIO, dont sont issus les partis communistes et socialistes, mais également avec la promulgation de la loi de Séparation de l’Église et de l’État qui met fin à des décennies de lutte entre la France républicaine laïque et la France Catholique et Royaliste.

 

1905 – l’année des tournants dans le monde de l’Art – la peinture se réveille

 

« Au salon d’Automne de Paris, MATISSE, DERAIN et DE VLAMINCK enterrent le néo-impressionnisme. Qualifiée de « cage aux fauves » par la critique, leur exposition ouvre une nouvelle ère artistique.


Au printemps 1905, la peinture s’ennuie en France.


Ses plus récentes nouveautés ont plus de 20 ans : le néo-impressionnisme de SEURAT et SIGNAC a trouvé sa définition et sa logique à la fin des années 1880  et, depuis, des disciples de toutes nationalités pratiquent la division du tons, les touches séparées et le mélange optique, celui que produit l’œil quand il se tient à distance de la toile ».     Extrait du journal « Le Monde » du 27 août 1905.


 

Henri MATISSE - Fenêtre ouverte, Collioure
Henri MATISSE - Fenêtre ouverte, Collioure

A l’été 1905, André Derain rejoint à Collioure son ami Henri Matisse.


Les deux artistes vont peindre, avec frénésie et jusqu’à l’épuisement, le profil du village, le clocher, les filets qui sèchent sur les plages, les barques qui partent, les femmes qui ravaudent…avec une manière différente de travailler la couleur en quête d’un accord renouvelé entre un site et leurs propres préoccupations artistiques.


 

Henri MATISSE - la plage rouge
Henri MATISSE - la plage rouge

                                                                                             Jacba

 





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