Charles FRECHON
Une œuvre une histoire par Brice Aurpeuthy et JACBA
QUAND : autour de 1902
QU’ EST-CE : Sous-bois, automne (huile sur toile, Musée de Louviers,
legs Roussel 1904)
COMMENT : Après
la toile de L.J. Lemaître, encore une œuvre sortie de la collection de Constant
Roussel, que ce dernier légua au Musée de Louviers en 1904. A croire que notre mécène
eut un meilleur œil que son compère rouennais, François Depeaux, pour les
peintres de la 1ère génération de l’Ecole de Rouen, hors
Lebourg et Delattre, dont Depeaux collectionna la quintessence.
Charles Frechon fut surnommé le peintre des quatre
saisons. Et, à notre connaissance, il est le
seul paysagiste à se passionner pour les sous-bois d’automne. Déjà à
son époque, Charles Frechon rencontre, avec ce thème, un réel succès !
Allez, nous allons tenter de découvrir les secrets de la
réussite tant esthétique que ‘commerciale’ (lecture facile par le grand public)
de ses automnes :
1- Charles Frechon allie perspective monocentrique (1 seul
point de fuite) avec la perspective atmosphérique (plus c’est loin, plus c’est
bleu, voire violet avec notre peintre), et plus on monte dans la toile, plus
les couleurs sont dégradées (du brun en bas, aux tons clairs en haut) ;
2- deux diagonales partent de chaque bord de la toile,
formant alors un triangle, base solide, stable, sur laquelle les verticales
viennent prendre racine ;
3- les troncs forment des verticales qui élèvent la
composition, la rendant légère, lui ajoutant même parfois un soupçon de
connotation mystique ;
4- Frechon joue avec des touches divisées, rendant son œuvre
légère et vibrante ;
5- au sol, il applique un rouge carmin (ravivé par quelques
touches vert bouteille, sa complémentaire), du jaune solaire, des bruns
dégradés et des orangés, c'est-à-dire des tons chauds, puis les buissons aux
verts éclairés par de parcimonieuses touches rouges rompues et un bleu céleste
pour le ciel, très froid quant à lui ;
6- sur les troncs violets, il accroche des touches virgulées
(donc légères, aériennes) brunes et orangées (donc chaudes qui contrastent avec
le bleu froid du ciel) ; ce point se révèle être une clé principale du secret
de la réussite ;
7- enfin, recadrant son œuvre de façon à étêter le faîte de
ses arbres, il livre une toile totalement dans le courant impressionniste.
Et puis, allez, je vous livre un tout dernier secret :
il y a (presque) toujours, dans les sous-bois de Charles Frechon, un accident
de la nature, bien visible. Regardez le faîte du tronc bien tordu sur la
droite, de l’arbre au milieu de la toile, en plein centre de la perspective.
Non, n’y voyez pas une réminiscence du langage romantique ; peut-être le
peintre insinue-t-il que la nature tolère le moins beau, le tout dans une
ambiance harmonieuse ? Ou bien, est-ce, tout simplement, histoire de
casser la monotonie des verticales parfaites ? Qui sait ?
Brice
Aurpeuthy
L’environnement du peintre : 1902
L’année 1902 n’a pas marqué les esprits, si on en juge par
le dessin paru dans Le Pèlerin avec la légende suivante :
- Allons, à ton tour, ma petite, vas-y !
Dans le monde
8 mai 1902 –
Eruption de la Montagne Pelée en Martinique. Un nuage de gaz, de cendres
brûlantes et de lave déferle sur la ville de St-Pierre faisant 29 000
morts.
En France
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Jean JAURES |
24 mars 1902 –
fondation du Parti Socialiste Français par les socialistes réformistes emmenés
par Jean JAURÈS qui fonde le journal l’Humanité deux ans
plus tard.
27 juin 1902 –
le radical Emile COMBES est Président du conseil – la durée
journalière de travail est ramenée à 10h30 pour les hommes (12h en 1848).
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Emile ZOLA |
29 septembre 1902 –
mort à 62 ans d’Emile ZOLA, chef de file du Naturalisme en littérature qui fut
aussi l’ami de Paul CEZANNE et d’Édouard MANET.
Dans une vaste fresque en 20 volumes, les
Rougon-Macquart, Zola, en peignant l’histoire
d’une famille sous le second Empire, « voulait montrer le
jeu de la race modifiée par son milieu ».
Dans les Arts
La bande dessinée fait ses premières apparitions dans les magazines, qui acquerra bientôt ses lettres de noblesse avec Bécassine, le Sapeur Camembert, les Pieds Nickelés, Pim Pam-Poum, etc…
Georges MELIES tourne ses premiers courts métrages de quelques minutes, dont « le voyage dans la lune », mettant fin au règne de la Lanterne Magique. Il créera un peu plus tard sa société de production baptisée « star film », tout un programme !
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Paul GAUGUIN - le sorcier d'Hiva-Oa - détail |
Paul GAUGUIN signe ses dernières toiles en Polynésie, Il décèdera l’année suivante à 55 ans dans les Iles Marquises.
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Claude MONET - une allée à Giverny |
Claude MONET, installé à GIVERNY depuis 1883, signe en 1902 une de ses plus belles toiles de paysage.
JACBA