De l’étude de la cote des œuvres de Charles ANGRAND - Les maternités

De l’étude de la cote des œuvres sur papier de Charles ANGRAND
1- les Maternités

Charles Angrand à St-Laurent en Caux ( le journal de l'école de Rouen - F. Lespinasse)
Charles Angrand à St-Laurent en Caux ( le journal de l'école de Rouen - F. Lespinasse)

Cet article est le premier d’une suite de quatre que nous allons tenter de poser, afin de bien appréhender l’impact des dessins de Charles Angrand (1854-1926) dans l’histoire de l’art néo-impressionniste du tournant du siècle passé.

Après le décès en 1891 de son ami et maître Georges Seurat, Charles Angrand quitte Paris pour son Pays de Caux natal, et abandonne, comme par amertume, la peinture à l’huile, hormis une courte reprise peu féconde entre 1905 et 1908.

Ainsi trois périodes bien définies s’échelonnent, chacune caractérisée par l’emploi rigoureux d‘un médium : le crayon Conté entre 1892 et 1905, le fusain entre 1908 et 1913, puis le pastel jusqu’à sa disparition en 1926.

Les ‘Maternités’ font partie de cette période de la fin du XIXème, mais dans un ensemble de dessins à thèmes variés tels aratoires, bucoliques ou quelques fois mystiques. Nous aborderons ces autres ‘Conté’ dans une rubrique particulière, étant convaincus qu’ils méritent à eux seuls une toute autre considération que les Historiens de l’art ne leur accordent aujourd’hui.


Charles Angrand entame une démarche toute personnelle dans ses ʺMaternitésʺ.

Charles ANGRAND - "maternité" - 1896-1898 - crayon Conté - 62x48cm - coll. particulière
Charles ANGRAND - "maternité" - 1896-1898 - crayon Conté - 62x48cm - coll. particulière 

Nous pouvons parler de sous-période, qui s’étale entre 1896 et 1899. Son frère Paul, qui réside à Dieppe, vient d’être papa d’un petit Henry. En fait, ce n’est pas l’émotion de voir ce petit être blotti contre la poitrine de sa mère qui envahit notre peintre. A l’instar de Claude Monet qui, devant la dépouille de son épouse Camille Doncieux, ne peut contenir le besoin impérieux de la portraiturer, Charles Angrand ne voit que la pureté de la courbure des lignes dans la communion des deux corps.

C’est alors que débute la quête de l’arabesque parfaite. « Je m’efforçais de mettre en proportion et surtout en harmonie, les formes conjuguées des deux êtres » (lettre à Signac, janvier 1897) et « J’ai déplacé mille fois leur arabesque pour les rendre (les dessins) plus harmonieux tout en les maintenant expressifs » (lettre à Frechon).


De nombreuses feuilles apparaissent. En fait, pas si nombreuses que cela, car Charles Angrand ne se satisfait que d’une petite dizaine, sur lesquelles il appose sa signature. Et, pour une seule signée, on peut estimer qu’il a noirci, là également, une petite dizaine d’études. Soit au total, autour de 80 ʺMaternitésʺ au degré d’aboutissement bien différent. Cela dit, certaines études poussées peuvent être considérées comme des œuvres à part entière, comme le souligne Laurent Salomé, directeur des Musées de Rouen.


Charles ANGRAND - "maternité" - étude
Charles ANGRAND - "maternité" - étude

A ce jour, les ʺMaternitésʺ signées se retrouvent en très grande majorité dans les collections publiques des musées internationaux : Orsay, Genève, USA. Restent les études et esquisses. La faible fréquence de leur sortie en salle des ventes (une tous les 2 ans en moyenne) maintient un niveau élevé de cote, proportionnel, bien évidemment, au degré d’aboutissement du dessin. 
  
La fourchette se trouve ainsi étirée : de 5 000€ pour un simple positionnement des masses, à 50 000 € pour une étude très poussée au noir profond et à l’arabesque parfaite des jeux de lumière. Ajoutons que des fusains existent, médium qui ne rend pas, hélas, la légèreté de la mine de plomb.

Voici quelques exemples relevés :

 

 - 44 400 €, le 19 juin 2007 (Christie’s Londres) pour une étude aboutie
    -  5 800 €, le 11 décembre 2000 (Piasa Paris
    -  2 300 €, 12 décembre 1997 (Paris)
    -  9 000 €, 30 mars 1995 (Paris)
    -  4 300 €, le 09 décembre 1990 (Calais)
    - 22 500 €, le 15 juin 1990 (Paris)
    - 24 400 €, le 24 novembre 1988 (Paris)
    - 36 000 €, le 22 juin 1988 (Paris)

 

Prix moyens, ʺau marteauʺ, hors frais.

Sources : archives perso, ouvrage Lespinasse, Bénézit, Artprice, Auction.fr.


voir article suivant sur les Pastels


 
        Hubert Priaucey

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