Robert-Antoine PINCHONune Oeuvre, une Histoire ...
QUI : Robert-Antoine
PINCHON (1886-1943)
QUAND : entre 1935 et 1940
COMMENT
Durant la seconde partie
de sa carrière, donc après 1920 au retour de la Grande Guerre qu’il termina
prisonnier en Allemagne, Robert Antoine Pinchon est sollicité comme
illustrateur par Henri Defontaine, prolifique éditeur à Rouen.
Il participe notamment aux
ouvrages de Guy de Maupassant ''Les Contes Normands'' réédité en 1925, de Lucie
Delarue-Mardrus “Rouen” (1935), de Pierre Chirol “Cathédrales et Eglises
Normandes” (1936), de Jean De La Varende “Les Châteaux en Normandie”
(1937)...
Avec une économie de
moyens afin d’optimiser la reproduction de ses dessins, il produit donc des
aquarelles et des lavis des monuments remarquables normands.
Ainsi, sensibilisé à
l’architecture médiévale de la capitale normande, il s’adonne par la suite à
dépeindre ses bâtiments caractéristiques comme les nombreuses maisons à
colombages dont Rouen s’enorgueillit de posséder.
Des huiles, des
aquarelles, mais pas à notre connaissance de crayons de couleurs qu'il utilisa
au cours de sa convalescence à St Céré (Lot) après qu'il fut blessé mi-octobre
1914, ou lors de sa captivité en Allemagne en 1916. Ce point est intéressant
car, autant ses premiers dessins sont ensoleillés malgré leur contexte brutal
et tragique, autant ses huiles très délayées ou ses aquarelles portraiturant Rouen,
nous paraissent un peu tristes aujourd’hui, surtout lorsque l'on compare avec
son œuvre fauve d'avant 1914.
Mais il faut se rappeler
que, d’une part les bâtiments devaient être moins mis en valeur à l'époque et,
d’autre part, que son apprentissage aux dessins d’édition nécessite une
économie chromatique pertinente, technique qu'il poursuit également dans ses
compositions destinées à sa clientèle.
De plus, à l'instar de
son aîné, Léon-Jules Lemaître (1850-1905) le chantre des ruelles du vieux Rouen
nacrées d'atmosphères pluvieuses, Pinchon nous livre ici une fin d'après-midi
typique bien grise que des rehauts de gouache blanche éclairent avec talent.
Brice Aurpeuthy
…ET SON ENVIRONNEMENT…
QUAND LE DESTIN PERMET DE RETROUVER UN PRÉCIEUX TÉMOIGNAGE D'UN
PASSÉ CHARGÉ D'HISTOIRE ET DÉVASTÉ PAR LA GUERRE !
Cette
fort jolie aquarelle est exécutée par Robert-Antoine PINCHON dans la période précédant
la déclaration de la deuxième guerre mondiale; elle fait partie d'une
exposition de l'Artiste qui s'est tenue du 16 mai au 15 juin 1941 dans les
locaux de l'Hôtel de la Couronne à Rouen, dont le propriétaire, Pierre DORIN
est un ami du peintre.
Cette
exposition comprenait 35 numéros de toiles ainsi que des dessins, gouaches et
aquarelles.
En
1942, PINCHON , âgé de 56 ans, va exposer une dernière fois dans les locaux du
magasin Printania et tombe gravement malade. Malgré des
soins attentifs, Il s'éteint le 3 janvier 1943.
En
mai 1944 , Rouen subit d'intenses bombardements et une partie de l'hôtel de la
Couronne est détruite; par miracle, l'aquarelle évoquée ici est retrouvée dans
les décombres.
Au dos de l'œuvre figure un intéressant
témoignage écrit qui précise :
"retrouvé en
mai 1944, dans les ruines de l'hôtel de la Couronne,
et offert par M.Pierre DORIN à Mlle…"
Le logis, dit "des
CARABAS" est un bâtiment édifié à Rouen dans la seconde moitié du XVème siècle
à l'angle des rues de la Savonnerie de la Tuile par Carabas de Quesne,
issu d'une famille de négociants Espagnols installée dans la ville. Avec
la partie sud figurée ci-dessus donnant sur la rue de la Tuile (achevée au
début XVIème), l'ensemble en colombage s'élevait sur trois étages et
deux en combles possédant un quadruple encorbellement surmonté de corniches en
mâchicoulis et assorti de deux oriels octogonaux.
L'ouvrage, classé monument historique en 1926, qui constituait, selon les Historiens Normands, la "perle des maisons en bois de la Cité" , fut victime de l'effroyable incendie du 9 juin 1940 Il ne subsiste, hélas !, aucun vestige.